22 JUIN 2019PUBLIÉ PAR MARC LE STAHLER
9 % seulement des dons promis pour la réparation de Notre-Dame ont été versés. Ceux qui ont annulé ou reporté leur don ont eu raison : il ne faut plus rien verser tant que le gouvernement n’aura pas précisé clairement son projet.
Car il existe un projet, déjà vieux de quatre ans, dont le cœur est de faire de l’île de la Cité un gigantesque centre commercial et d’arrêter la fonction centre de culte catholique de Notre-Dame.
Castaner et les Frères Trois points l’ont dit : la cathédrale est un bâtiment historique de la République, pas un lieu de culte. Le culte islamique c’est contemporain, passe encore, mais le culte chrétien c’est ringard et facho, dehors !
L’architecte-urbaniste Dominique Perrault et Philippe Belaval, président du Centre des Monuments Nationaux, ont pensé au financement. Ils proposent pour l’île de la Cité (25 ha) de « créer environ 100.000 m² nouveaux – valeur foncière dépassant le milliard d’euros – sans transformation radicale« . Plus d’un milliard juste pour le foncier. Si l’on y ajoute les concessions, les locations de bâtiments et de surfaces à des sociétés financières, commerciales, touristiques, comme cela vient d’être fait pour un tiers de l’Hôtel Dieu, avec pour objectif de faire passer à la caisse une quinzaine de millions de touristes, combien de milliards de taxes et de recettes pour l’État et la Ville de Paris ?
Si NDDP n’est plus cathédrale, que l’État et Paris financent eux-mêmes !
Alors il faut être fermes avec le président et le maire. Leur faire comprendre que si Notre-Dame n’est pas remise en état à l’identique et ne reste pas le second lieu de culte au monde après Saint-Pierre de Rome, ils devront financer leur « supermarché » par les moyens financiers habituels, par emprunt auprès de leurs fournisseurs de capitaux préférés, Rothschild & Co, Morgan Bank et autres.
Les gros donateurs devraient être prudents, car il y a maintenant un doute sur les vrais motifs de leur générosité s’ils étaient au courant du projet commercial de Madame Hidalgo et du président Hollande, projet repris avec enthousiasme par le fils spirituel de Hollande, Emmanuel Macron.
Un premier rapport a été rendu en 2016 à François Hollande. Le document de 56 pages a été rédigé par l’architecte Dominique Perrault (le concepteur de la BNF à Paris) et le président du Centre des Monuments Nationaux, Philippe Bélaval.
Le tandem avait reçu en décembre 2015 une lettre de mission de François Hollande, « en accord avec Mme Anne Hidalgo« , demandant une vision de l’île de la Cité « à l’horizon des vingt-cinq prochaines années« .
Ce rapport rappelle que « la dernière intervention d’ensemble des pouvoirs publics sur l’île est celle du baron Haussmann« . Le centre névralgique de la capitale se trouve face à une « opportunité unique » d’en faire « un ensemble architectural contemporain« .
Le Palais de Justice a déjà été déménagé dans un quartier bien tiers-mondisé, la porte de Clichy, où le soir on se croirait à Bamako, les prostituées en plus. La Préfecture de police est dans un bâtiment voisin. La Préfecture ressemble furieusement à une HLM et le Palais de Justice à une construction en Lego sur quatre étages végétalisés.
Il y a mieux à la Défense. Mais comme c’est « contemporain », c’est « beaucoup plus beau » pour le président.
Tout ce qui est « contemporain », acier et verre, est très cher
Ce qui est moins beau, c’est le coût pharaonique du nouveau Palais de Justice et son financement. Ils augurent mal de ce qui va se passer pour Notre-Dame et l’Ile de la Cité !
Rien que pour la conception, (architecte Renzo Piano), les études techniques et celles du financement : 725 millions d’euros !
Coût de la construction par Bouygues, 2,35 milliards (Le Figaro). L’État loue le bâtiment à Bouygues pour 50 millions par an, plus 35 millions pour l’entretien. Il a raison, parce que les bâtiments d’acier et de verre de Renzo Piano ne durent jamais longtemps sans beaucoup d’entretien, comme son Centre Tjibaou à Nouméa qui rouille debout.
Mais faut faire contemporain, Coco, « c’est beaucoup plus beau ».
Palais de Justice, quatre containers en Lego superposés, que c’est beau !
L’État a besoin des dons promis pour Notre-Dame
On comprend mieux, avec ces exemples, que l’État a furieusement besoin des dons promis pour Notre-Dame à laquelle il veut donner un style « contemporain » avec serre-toiture végétalisée et flèche en titane ou béton, si l’on en croit la rumeur actuelle, qui n’est pour le moment pas confirmée.
L’actuel marché aux fleurs et aux oiseaux, si typique du vieux Paris, va lui aussi être remplacé par une grande serre à étages, « une sorte de Crystal Palace« . Des grandes coupoles en verre vont couvrir les cours des ex-Palais de Justice et de la Préfecture, elles abriteront des logements et des commerces avec un objectif qui plait beaucoup au maire Anna-Maria Hidalgogo : réaliser un mixage de populations, bobos et migrants, par exemple.
Autre utilisation massive de verre et de métal prévue : tout le parvis sera recouvert d’une dalle en verre. Elle permettra aux promeneurs de voir le supermarché et les ruines archéologiques, les toilettes et les vestiaires du dessous. On ne peut imaginer le coût d’une dalle de verre de 100 m x 135 m capable de supporter environ 5 000 tonnes, si l’on tient compte des coefficients de sécurité nécessaires à la sécurité de 10 à 20 000 touristes en surface les jours d’affluence. Voire plus si l’on en croit l’architecte-paysager Perrault « En sous-sol, les millions de visiteurs qui patientent [[aujourd’hui]] sous la pluie ou la canicule disposeront de services indispensables, comme des toilettes ou une bagagerie. »
Et Notre-Dame ? Pas de réparation à l’identique prévue
Et Notre-Dame ? Philippe Bélaval, président du Centre des Monuments Nationaux a déjà étudié plusieurs projets, celui-ci a sa préférence :
Un jardin suspendu et une flèche en béton sans croix ni coq. Le contemporain ne supporte pas le catho et le franchouillard. Les machins bleutés entre les tours et aux extrémités des chapelles latérales sont évidemment en acier et verre pour caser entre autres quelques boutiques et donner l’indispensable touche « contemporain ».
« Il faut que tout soit terminé pour le J.O. de 2024 », a ordonné le président !
Alors que le projet initial était 25 ans à partir de 2015, soit 2040.
Comme on le voit, l’incendie de 2019 est arrivé au bon moment.
Mais… pas d’amalgame ! Selon Le Canard Enchainé, l’enquête de la Préfecture est arrivée à la conclusion que la cause de l’incendie démarrant par une explosion, se propageant en quelques minutes et ne détruisant finalement que la toiture et la flèche est dû, soit à un mégot jeté par un ouvrier par l’une des ouvertures d’aération de la toiture, soit à un court-circuit. Toutes les autres pistes ont été effacées d’un coup de plumeau élyséen. On s’en doutait depuis le début, Macron et Castaner l’avaient dit, ce n’est pas pour rien qu’ils ont des intelligences complexes !
L’Imprécateur
22 juin 2019
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